Santé : l'amiante pourrait causer 1.600 décès par an en France d'ici 2050, selon une association
C'est un dossier brûlant, celui des maladies liées à l'amiante. Malgré les efforts de désamiantage des bâtiments, le nombre de décès en France ne devrait pas ralentir selon les projections de l'ADEVA. Cette association qui vient en aide aux victimes se bat pour faire changer les choses.
"L'amiante, ce n'est pas fini !", déplore Sonia Hertz, vice-présidente de l'ADEVA 72. Cette association de défense des victimes de l'amiante a du gérer 300 dossiers d'indemnisation en Sarthe depuis sa création en 2003. "Et c'est loin d'être terminé. En 2020, malgré la crise, nous avons traité 27 nouveaux cas. Le nombre de malades qui nous contactent est très fluctuant car c'est une maladie qui se déclare très tard, 30 à 40 ans après l'exposition". Selon les estimations de l'ADEVA, 100.000 personnes en France ont succombé à une maladie liée à l'amiante entre 2002 et 2014. Mais ce chiffre est sans doute au-dessous de la réalité car le lien entre certaines maladies et ce matériau cancérigène n'est pas toujours facile a établir.
"Il peut y avoir des cancers du péritoine liés à l'amiante qui sont exceptionnels mais qui existent. Il peut aussi y avoir des péricardites, la membrane qui enveloppe le cœur et puis d'autres que nous sommes en train de faire reconnaitre. Ce qu'on appelle des maladies hors tableau. Ces maladies là, si elles ne sont pas très bien détectées, on peut passer à côté". Il faut parfois des examens poussés, type biopsie, avant de les détecter.
Des malades de plus en plus jeunes
Selon les projections de l"ADEVA, 1.600 personnes pourraient décéder d'une maladie liée à l'amiante chaque année en France d'ici 2050. "Jusqu'à présent, on avait des dossiers de gens qui avaient travaillé l'amiante dans certaines entreprises comme la SICO ou Carel et Fouché et d'autres que je ne peux pas citer car elles n'ont pas été reconnues comme sites amiantés. Mais maintenant, on commence à avoir des victimes comme des gens qui ont travaillé dans le secteur du bâtiment et qui percent des murs sans être protégés".
Un chantier colossal
Malgré la mise au rebut des matériaux amiantés et les opérations de désamiantage, "il reste, selon les estimations, 20 millions de tonnes d'amiante disséminées un peu partout". Sur les toits des maisons, les murs, jusqu'aux écoles : "Toutes les écoles qui ont été construites avant 1997 ou tous les bâtiments publics qui ont été faits avant cette date-là, on ne les a pas démolis mais ils sont là. Il faut les surveiller, il faut les réparer et pas dans n'importe quelles conditions surtout".
Sonia Hertz s'inquiète notamment pour l'avenir de certains élèves qui étudient dans des écoles qui n'ont pas été désamiantées : "Il y a des petits qui ont été soumis à l'amiante et qui retrouveront cette maladie non pas à 70 ou 80 ans comme c'est la moyenne aujourd'hui sauf exception mais qui vont se retrouver malades à 30 ou 40 ans".
Des dépôts sauvages d'amiante autour du Mans
L'ADEVA 72 milite aussi pour que la prise en charge des déchets amiantés soit gratuite, notamment au Mans. "Avant, l'ADEVA s'est battue avec les anciennes municipalités pour que ces déchets ne soient plus déposés n'importe où, n'importe comment. Dans la déchetterie, les gens n'étaient pas protégés. Donc, à La Chauvinière, ils ont arrêté de prendre les déchets amiantés".
Depuis 2017, ces déchets doivent être déposer chez Colas, une entreprise privée. "Le souci, c'est que ce n'est pas gratuit. Déjà d'entrée vous donnez cent euros donc ce n'est pas à la portée de tout le monde et après vous payez selon les kilos que vous amenez". Un coût qui incite certains particuliers à se débarrasser de leurs déchets en pleine nature quitte à enfreindre la loi. " Il y a des dépôts sauvages en forêt de Bercé, le long de la rocade du Mans..." Sans parler des sites industriels abandonnés comme l'ancienne usine Freix à Bonnetable. "Certes les sacs d'amiante qui étaient entreposés près de l'usine ont été enlevés mais elle reste dangereuse car le site lui même n'a pas été désamianté. L'usine est ouverte à tout vent. Il y a des gens qui viennent casser des carreaux, qui viennent squatter alors que c'est un site extrêmement dangereux".
Source : France Bleu, le 24 septembre 2021